Le ministre des Finances, Didier Reynders, s'est dit dimanche dans l'Indiscret intéressé par la direction du Fonds monétaire international, tout en reconnaissant que la Française Christine Lagarde était favorite pour être la candidate des Européens.
Le ministre des Finances souligne qu’il n’y a pas réellement de candidature pour ce poste. L’éventualité de la succession de DSK avait été évoquée bien avant du fait de sa possible candidature à la présidentielle en France. La première condition est qu’il faut que ce soit un ou une européenne et que les pays européens se mettent d’accord sur une personnalité.
Didier Reynders souligne que c’est une fonction "qui ne se refuse pas, une fonction où l’on est plus coopté que candidat". Si les Etats européens se mettent d’accord sur la nécessité d’une candidature européenne, Didier Reynders est "bien entendu intéressé". "C’est une fonction où on peut avoir un impact sur l’activité économique, sur l’activité politique". "Je crois qu’en politique il faut se dire "là où l’on est le mieux pour servir, autant en assumer les fonctions".
Mais un autre nom circule, celui de la ministre des finances françaises, Christine Lagarde qui est la favorite des pays européens. Pour Didier Reynders qui la connait depuis 2007 en tant que "collègue" souligne que "c’est quelqu’un qui a acquis progressivement une très grande expérience" et "qui a une très bonne connaissance du monde américain".
Pour Didier Reynders, il est tout à fait légitime que l’Europe revendique cette fonction. Il souligne que les Etats-Unis qui sont "très friands des pays émergents n’ont pas l’intention de quitter la présidence de la banque mondiale ni celui du numéro 2 du Fond monétaire". Les pays émergents président déjà les deux comité ministériels tant à la Banque mondiale qu’au Fond monétaire et si les européens devaient perdre cette fonction, "ils ne seraient plus présents nulle part".
Didier Reynders connaissait Dominique Strauss-Kahn depuis plus d’une douzaine d’années et a été "abassourdi" par la nouvelle. Il souligne qu’il est d’abord présumé innocent mais également que "les faits reprochés sont gravissimes et s’ils devaient être avérés, il faut avoir au moins la même pensée à l’égard de la victime présumée qu’à l’égard de la personne poursuivie".
Thomas Gadisseux demande s’il est surpris par ces faits de mœurs visiblement connu par tout le monde. Didier Reynders souligne la différence entre "quelqu’un de pressant, de séducteur qui aime les femmes et les faits gravissimes qui peuvent être incriminés comme des faits de viol s’ils étaient avérés".
Le ministre des Finances remarque qu’il a trouvé "inacceptable, en France, c’est la manière de minimiser les faits". Sans qu’on sache encore s’ils sont avérés, il remarque "qu’il faut arrêter d’avoir un sourires narquois ou un peu grivois". Pour Didier Reynder, cet évènement va poser la question, chez nous aussi de "la limite entre vie publique et vie privée pour des responsable publics".
Il rappelle que "si vous n’utilisez pas votre vie privée pour projeter une image vers le public, il est normal qu’on la préserve". Thomas Gadisseux réagit sur la possible existence d’une omerta sur ses sujets en Belgique "bien entendu mais c’est tout à fait connu en Belgique". Didier Reynders se dit choqué, en France comme en Belgique par le fait de "minimiser des faits, de considérer que les faits ne sont pas gravissimes" et que "aller vérifier si l’image véhiculée par des politiques correspond à la réalité, c’est un scandale".
Il ajoute qu’"il va falloir ouvrir ce débat, changer un peu les règles".
La crise en Belgique
En ce qui concerne la crise en Belgique, Didier Reynders rappelle que les libéraux ont longtemps été tenus à l’écart jusqu’à ce qu’il se voit confier une mission qui n’a duré "que quatre semaines". Il souligne combien il a constaté que "PS et N-VA n’étaient d’accord sur rien et même pas sur la coalition". Néanmoins, il se réjouit qu’aujourd’hui "on dit qu’on va enfin parler des problèmes socio-économiques". Thomas Gadisseux souligne que pour autant le problème de la coalition reste entier et le ministre répond : "tant qu’on n’aura pas une coalition, on n’aura pas vraiment un formateur". "Comment voulez-vous former un gouvernement sans savoir qui va en faire partie ?".
Didier Reynders aimerait aussi qu’en parallèle on se pose la question "que veut-on encore faire ensemble en Belgique ?".
En rappelant les enjeux des négociations sur la réforme de l’Etat, Didier Reynders se demande "s’il y a une capacité à le faire avec un formateur", ce qu’il souhaite "mais pour cela il faut une coalition". Et "si ce n’est pas le cas, il faudra permettre au gouvernement actuel d’être renforcé, de prendre de nouvelles dispositions et d’organiser la réforme de l’Etat d’une autre manière". Il déclare accorder toute sa confiance à cette tentative de formation mais rappelle "il faudrait qu’assez vite, on connaisse la coalition".
Ph. Br.